Adoption du PLFSS : la moitié la plus facile du chemin est faite pour le gouvernement Lecornu.
Adoption du PLFSS : la moitié la plus facile du chemin est faite pour le gouvernement Lecornu., le décryptage, le décryptage.fr, ledecryptage, ledécryptage, site, média, presse, news, conflit, guerre, fait-divers, info, journal, économie, justice, decrypt, décrypte, décryptons
Par Baptiste •
Adoption du PLFSS : la moitié la plus facile du chemin est faite pour Lecornu
C’est à une très courte majorité que l’Assemblée nationale a adopté ce mardi le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 : 247 voix pour, 234 contre. Une victoire étroite, mais une victoire tout de même pour le premier ministre Sébastien Lecornu, qui décroche là son premier succès budgétaire, malgré les fissures visibles au sein de sa majorité.
Si le Rassemblement national, l’UDR et La France insoumise ont massivement voté contre, le Parti socialiste, Liot – Ensemble pour la République et le Modem ont largement soutenu le texte. Horizons, Les Républicains et la Gauche démocrate et républicaine ont choisi l’abstention. Mais au sein même de ces groupes, plusieurs députés ont voté selon leur conviction personnelle, révélant la fragmentation profonde du paysage parlementaire actuel.
Le texte comprend notamment la suspension de la réforme des retraites, des dispositions sur le financement de l’Assurance maladie, les arrêts de travail ou encore la CSG. Le gouvernement a renoncé en revanche au doublement des franchises médicales et à l’année blanche sur les prestations sociales.
« Cette majorité de responsabilité montre que le compromis n’est pas un slogan : il permet d’avancer dans le sens de l’intérêt général », a salué le premier ministre sur X après le vote.
Du côté du Parti socialiste, Olivier Faure a évoqué une victoire « d’abord celle du Parlement », invitant l’exécutif à adopter « la même approche » pour le budget de l’État.
À gauche, Mathilde Panot dénonce un vote qui « confirme le changement d’alliance du PS ». Selon elle, « le PS décide de rejoindre le camp des soutiens au gouvernement ». Dans les faits, 63 députés socialistes ont voté pour et six se sont abstenus.
La CFDT s’est félicitée du résultat, saluant « le sens des responsabilités » des députés et considérant ce vote comme un premier pas vers la suspension de la réforme des retraites.
À l’exact inverse, Jordan Bardella dénonce un « budget de punition et de taxation » voté grâce « à l’alliance des socialistes et des macronistes, ainsi qu’au soutien bienveillant, évidemment coordonné, des députés LR ». Le président du RN assure « tendre la main à tous les électeurs de droite qui refusent cette compromission ».
La naissance difficile d’une culture du compromis
Cette adoption, permise notamment par une hausse de l’ONDAM de 3 %, marque peut-être l’amorce d’une culture du compromis, encore balbutiante en France. Là où les majorités absolues rendaient négociable l’accessoire mais jamais l’essentiel, le gouvernement de Sébastien Lecornu n’a désormais d’autre choix que de composer, transiger, renoncer et convaincre groupe par groupe.
Cette dynamique nouvelle reste toutefois précaire : la majorité obtenue n’est ni stable ni reproductible, et rien ne garantit qu’elle se maintiendra sur les textes suivants.
Le texte devra désormais franchir l’étape du Sénat, où la majorité de droite devrait sans difficulté s’opposer au PLFSS, avant un retour en dernière délibération à l’Assemblée nationale le 16 décembre. Dans ce contexte, l’absence d’adoption du budget de la Sécurité sociale dans les délais poserait des problèmes majeurs : impossibilité d’établir un cadre légal pour les dépenses d’assurance maladie, incertitudes sur le financement des prestations et fragilisation du fonctionnement des organismes sociaux.
Une telle situation créerait une zone de turbulence institutionnelle rare sous la Ve République, d’autant que les établissements de santé, les caisses d’allocations familiales ou l’assurance vieillesse reposent sur des équilibres qui nécessitent un cadrage annuel précis. La non-adoption du PLFSS ouvrirait une période d’incertitude administrative et financière, susceptible d’affecter la continuité des dispositifs sociaux les plus sensibles.
Pour le gouvernement, la suite s’annonce encore plus complexe avec l’arrivée du budget de l’État. Contrairement au PLFSS, sa non-adoption immédiate est moins paralysante grâce à la loi de finances spéciale. Cependant, les tensions sur les recettes rendent les discussions à venir particulièrement délicates. La victoire obtenue par Sébastien Lecornu reste donc très provisoire : le texte, déjà largement rejeté à l’Assemblée, sera profondément remanié par le Sénat avant son passage en commission mixte paritaire, où un accord paraît plus qu’incertain.
