Dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 juillet, un nouveau palier a été franchi dans
les violences urbaines à Béziers. Des policiers et des pompiers appelés pour un feu de véhicule dans le quartier sensible de la Devèze sont tombés dans un véritable guet-apens tendu par
plusieurs dizaines d’individus cagoulés et armés de mortiers d’artifice. L’un de ces projectiles a provoqué l’incendie d’un appartement, obligeant neuf personnes à être relogées.
Un chat est mort par intoxication.
Un scénario d’émeute préparé
Vers 1h du matin, des feux de poubelles et de voiture sont déclenchés dans la rue Jean-Franco et sur la place de l’Église, provoquant l’intervention des secours. Mais ce dispositif n’était qu’un leurre : des individus armés de sabres ont feint une rixe pour attirer les forces de l’ordre.
Une cinquantaine de complices ont ensuite surgi, tirant des mortiers d’artifice sur les agents. Un policier a été légèrement brûlé à une jambe.
Alors que les forces de l’ordre ripostaient à l’aide de LBD et de grenades de désencerclement, un projectile a pénétré dans un appartement de 130 m² au 4e étage d’un immeuble.
Le feu s’est rapidement propagé, en raison d’un canapé enflammé, les baies vitrées étant restées ouvertes à cause de la chaleur. Neuf habitants ont dû être relogés en urgence.
Représailles après des saisies de drogue ?
Ces violences surviennent dans un contexte de forte tension entre les forces de l’ordre et les trafiquants de drogue. Le quartier de la Devèze, connu pour son activité illicite, a été
récemment ciblé par plusieurs opérations de police. Le mardi 15 juillet, les agents de la BAC avaient saisi 8 000 euros et 200 grammes de cocaïne lors du contrôle d’un véhicule. Puis, samedi matin, deux dealers, dont un mineur, ont été interpellés
après une course-poursuite. L’un d’eux a tenté de fuir à pied, abandonnant une sacoche contenant 15 grammes de cocaïne et 200 grammes de cannabis.
Selon le syndicat Un1té Police, ces violences pourraient être des représailles directes aux coups portés aux réseaux de trafic. Cette thèse est partagée par la direction interdépartementale de la police nationale de l’Hérault.
Aucune interpellation, l’enquête se poursuit
Dimanche après-midi, aucune interpellation n’avait encore été effectuée. L’enquête, ouverte par le parquet de Béziers, est menée par les services spécialisés de la
DIPN 34 et la police judiciaire de Montpellier. Les images de vidéosurveillance vont être exploitées pour identifier les auteurs.
Réaction : renforts policiers déployés
Face à la gravité des faits, le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, a annoncé sur le réseau X (ex-Twitter) le déploiement immédiat de renforts policiers dans le quartier. Une section d’une unité spécialisée de CRS a été envoyée sur place pour rétablir l’ordre.
« Nous ne laisserons pas les trafiquants imposer leur loi. Ces violences sont une réaction aux opérations de police ciblant le trafic de drogue. Les forces de l’ordre continueront leur travail avec détermination », a déclaré le préfet.
Bruno Bartoccetti, délégué zonal du syndicat Un1té Police, alerte à son tour sur la situation :
« Une nouvelle fois, on a frôlé le drame. Ces policiers ont fait preuve d’un grand professionnalisme face à une attaque coordonnée. Il est urgent de renforcer les moyens. »
Une pression judiciaire continue
Les autorités judiciaires assurent vouloir maintenir la pression sur les réseaux criminels. Plusieurs condamnations lourdes ont récemment été prononcées
contre les organisateurs de trafics dans le quartier. Les services du procureur de la République de Béziers poursuivent une politique de tolérance zéro, en traitant rapidement les affaires de drogue, y compris celles impliquant des mineurs.
La situation à Béziers, notamment dans le quartier de la Devèze, demeure extrêmement tendue. Les violences de la nuit dernière rappellent
les émeutes de mai 2023, dans les mêmes circonstances. Pour les forces de l’ordre, l’objectif est clair : éviter que ces guet-apens deviennent la norme face aux opérations de lutte contre le narcotrafic.