Équateur : Daniel Noboa décrète l’état d’urgence face aux blocages et aux protestations minières.
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Par Ryan •

Le président de l'Équateur, Daniel Noboa, a annoncé mardi l'état d'urgence dans sept des vingt-quatre provinces du pays, en réponse aux mouvements de protestation qui se multiplient.
Ces manifestations sont liées à la fin des subventions sur le diesel, une mesure impopulaire qui a immédiatement entraîné des blocages de routes dans plusieurs régions stratégiques.
Cette décision marque un tournant, car les anciens présidents Lenin Moreno et Guillermo Lasso avaient tenté sans succès de supprimer ces subventions, provoquant alors des vagues de contestations violentes.
La Conaie, la plus puissante organisation indigène du pays, avait déjà été un acteur central des révoltes sociales ayant mené à la chute de trois présidents entre 1997 et 2005.
Le nouveau décret signé vendredi fixe le prix du diesel à 2,80 dollars par gallon, contre 1,80 auparavant, une hausse brutale qui alimente la colère des transporteurs et des populations rurales.
Dès lundi, des conducteurs de camions ont bloqué plusieurs routes principales, forçant la police à intervenir pour rétablir la circulation dans la journée.
Aucune victime n’a été signalée, mais les tensions restent vives, avec de nouveaux blocages observés dès le lendemain.
Mardi, la route Panaméricaine Nord, à l'entrée de Quito, a été paralysée par des monticules de terre et des pierres, symbole de l’ampleur de la contestation.
En réaction, Noboa a déclaré l'état d'urgence pour une durée de soixante jours dans les provinces de Carchi, Imbabura, Pichincha, Azuay, Bolivar, Cotopaxi et Santo Domingo.
La mesure suspend la liberté de réunion et accorde des pouvoirs renforcés aux forces armées et à la police afin de démanteler les rassemblements jugés menaçants pour l’ordre public.
Le gouvernement défend cette décision en soulignant que les blocages routiers ont déjà provoqué des difficultés dans l’approvisionnement alimentaire et perturbé la circulation des biens essentiels.
Les autorités mettent également en avant le risque d’un ralentissement économique, car plusieurs secteurs d’activité sont touchés par la paralysie du pays.
Malgré cette déclaration d’urgence, la Conaie a réaffirmé son opposition, exigeant l’abrogation immédiate du décret supprimant les subventions au diesel, qu’elle considère comme une attaque contre les populations les plus fragiles.
Le climat social a été encore alourdi par une manifestation massive à Cuenca, capitale de la province d’Azuay, où les habitants s’opposent au projet minier de la société canadienne Dundee Precious Metals.
Selon le maire Cristian Zamora, entre 80.000 et 100.000 personnes ont défilé pour défendre le paramo de Quimsacocha, une zone naturelle cruciale qui alimente la ville en eau potable.
Les slogans hostiles au gouvernement, tels que « Noboa et les mines, même saleté ! », ont résonné dans les rues pour dénoncer les risques écologiques du projet.
Un retraité de 73 ans, Hernan Bravo, a rappelé que la pollution de l’eau mettrait directement en danger la vie quotidienne des habitants.
Pour lui, « si nous polluons l’eau, nous n’aurons plus rien à boire », insistant sur la gravité de la situation.
Le maire Zamora a quant à lui déclaré que la mobilisation envoyait « un message fort au monde entier », soulignant que la protection de l’environnement devait primer sur les profits économiques.
Selon lui, un jour viendra où « le gramme d’or et le baril de pétrole vaudront moins qu’un simple litre d’eau », rappelant la nécessité de préserver les ressources naturelles face aux pressions industrielles.