Les socialistes agitent la censure : l'échec programmé de la stratégie du gouvernement.
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Par Baptiste •
© Gonzalo Fuentes/Reuters
Ils l’ont fait !
Ce vendredi 24 octobre, le groupe socialiste a adressé un ultimatum au gouvernement. Sans avancée significative sur le budget, « les roses » promettent cette fois de voter la censure. Interrogé sur BFM-TV, Olivier Faure a prévenu que « s’il n’y avait pas d’évolution sensible d’ici à lundi » sur le projet de loi de finances, notamment au sujet de la taxation des ultrariches, « ce serait terminé ». À la question de savoir s’il voterait contre le budget et censurerait le gouvernement, le premier secrétaire du PS a simplement répondu : « Vous avez bien compris. »
Polichinelle :
Depuis une semaine d’examen à l’Assemblée, les socialistes — et plus largement les députés issus du NFP — sont systématiquement mis en minorité par les groupes centristes et de droite. Le rejet de la taxe Zucman en est l’illustration la plus nette.
Leur colère se nourrit d’un budget qu’ils jugent profondément antisocial : hausse des franchises médicales et du reste à charge en matière de santé, gel des pensions et prestations sociales dans un contexte inflationniste, baisse des moyens des services publics et suppression de milliers de postes… Tout cela, dénoncent-ils, sans aucune contribution supplémentaire demandée aux plus fortunés ni aux grandes entreprises.
Le gouvernement maintient en outre la réforme de l’assurance-chômage destinée à économiser près de trois milliards d’euros. Autant d’éléments qui renforcent l’idée d’un budget injuste et déséquilibré.
L’impossible compromis :
Un accord entre Les Républicains et le Parti socialiste relève aujourd’hui de la fiction : leurs divergences en matière économique sont trop profondes. La stratégie Lecornu présente un risque clair : voir les votes successifs d’amendements aboutir à un budget « Frankenstein », incohérent et finalement votable par personne.
De toute manière, les amendements adoptés à l’Assemblée pèseront peu : le Sénat, majoritairement à droite, renverra sa propre copie, obligeant les deux Chambres à s’en remettre à une commission mixte paritaire où la droite est dominante. Le PS, même en position charnière, ne pourrait obtenir que quelques concessions symboliques, loin du « contre-budget » présenté en septembre.
Les violons de l’automne :
À ce stade, il existe une majorité pour rejeter le projet de budget… et aucune majorité pour en adopter un. Le gouvernement se retrouve donc dans un corridor étroit où chaque pas peut être fatal. Le rejet du texte entraînerait immédiatement la démission — ou la censure — du gouvernement.
Les socialistes estiment qu’il faudrait l’assumer le plus tôt possible afin de ne pas perdre de temps avant de revenir devant les électeurs. Une dissolution suivrait alors presque mécaniquement, ouvrant la voie à une victoire du Rassemblement national… ou, peut-être plus encore, à un nouvel équilibre identique à l’actuel : un Parlement ingouvernable, et un pouvoir exécutif incapable de faire adopter un budget.
