Orange, Bouygues et Free insistent : malgré le refus, ils maintiennent leur offre à 17 milliards pour SFR.
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Par Enzo •

Orange, Bouygues Telecom et Free (Groupe Iliad) ne désarment pas. Malgré le rejet de leur proposition à 17 milliards d’euros par Altice France, maison-mère de SFR, les trois opérateurs confirment leur intention de racheter une grande partie des activités du groupe de Patrick Drahi. Cette offre conjointe, qualifiée de « non engageante », vise à bâtir un projet industriel commun, pensé pour « renforcer la résilience des réseaux et préserver un écosystème concurrentiel au bénéfice des consommateurs ».
Dans un communiqué, les trois opérateurs affirment rester convaincus de la pertinence de leur proposition et appellent à un « dialogue constructif » avec Altice et ses actionnaires. L’objectif affiché : parvenir à une consolidation du marché français des télécoms, aujourd’hui fragmenté entre quatre grands acteurs. Le trio espère que cette initiative permettra de relancer la dynamique d’investissement et d’assurer la maîtrise d’infrastructures jugées stratégiques pour le pays. Mais du côté d’Altice, le message reste ferme : l’offre est jugée insuffisante.
Selon l’analyste Stéphane Beyazian (Oddo BHF), cette proposition « ne couvre pas l’entièreté d’Altice France » et se situe sans doute au plancher de la valorisation estimée par les créanciers. Patrick Drahi, réputé pour ses négociations âpres, chercherait à faire monter les enchères.
Toutefois, note Beyazian, « il n’y a pas d’autres acheteurs en lice », plaçant ainsi le fondateur d’Altice dans une position inconfortable. Les créanciers, eux, pourraient presser pour une vente rapide afin d’éviter que Drahi ne perde la main sur SFR.
Si la partie paraît encore loin d’être jouée, le temps pourrait jouer contre Altice. En interne, l’opérateur peine à retrouver une stabilité durable après des années de turbulences : pertes d’abonnés, problèmes de qualité de service, dettes colossales… Pourtant, son PDG Arthur Dreyfuss assurait récemment que « les vents contraires sont derrière nous ». L’avenir dira si cette confiance résistera à la pression du trio concurrent qui, lui, semble prêt à patienter avant de relancer une offre révisée.
Le possible retour à trois opérateurs majeurs en France fait débat. Si la fusion des forces d’Orange, Bouygues Telecom et Free avec SFR devait aboutir, certains craignent une hausse des prix sur le marché mobile. Aujourd’hui, les forfaits les plus compétitifs oscillent entre 9 et 12 euros. Selon l’analyste Stéphane Beyazian, ces offres pourraient grimper entre 15 et 20 euros en cas de consolidation. Mais le spécialiste nuance : « le marché français restera dynamique, car Free continuera d’exercer une pression tarifaire ». Les offres haut de gamme, entre 20 et 40 euros, ne devraient donc pas flamber.
Les trois opérateurs se veulent rassurants. Ils affirment que leur projet industriel permettra de renforcer les investissements dans les réseaux très haut débit, d’améliorer la qualité de service et de consolider la maîtrise des infrastructures clés. Pour les clients, cela pourrait signifier une meilleure couverture et une stabilité accrue des réseaux, sans hausse immédiate des tarifs. De plus, les repreneurs s’engageraient à ne pas modifier les prix pendant une période de transition.
Reste la question du régulateur. L’Autorité de la concurrence aura un rôle central dans cette opération. Si elle juge que la fusion réduit excessivement la compétitivité, elle pourrait exiger des concessions, comme la cession de parts de marché ou de fréquences. Néanmoins, la consolidation du secteur apparaît inévitable pour certains experts, compte tenu de la pression sur les marges et du besoin d’investir massivement dans la 5G et la fibre.
Au final, même si la bataille pour SFR ne fait que commencer, un consensus semble se dessiner : le marché des télécoms français entre dans une nouvelle phase. Moins de concurrence frontale, mais plus d’efficacité et de solidité financière. Les consommateurs pourraient perdre quelques euros sur leur facture mensuelle, mais gagner en qualité de service et en stabilité à long terme. Un pari risqué, mais peut-être nécessaire pour l’équilibre du secteur.