L'Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie boycottent l’Eurovision face à la participation d’Israël.
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Par Baptiste •
Eurovision : la participation d’Israël provoque un boycott en cascade en Europe
L’Union européenne de radio-télévision (UER) a confirmé jeudi qu’Israël serait autorisé à participer au Concours Eurovision de la chanson 2025, prévu à Vienne. Une décision attendue depuis plusieurs mois, mais qui suscite une onde de choc diplomatique et médiatique dans plusieurs pays européens.
Dès l’annonce officielle, les réactions se sont multipliées. Les Pays-Bas, l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie ont annoncé qu’ils boycotteraient la compétition. La Belgique, la Suède et la Finlande ont exprimé de sérieuses réserves et pourraient suivre. Plusieurs chaînes publiques avaient déjà prévenu qu’elles se retireraient du concours si Israël figurait parmi les participants.
La chaîne irlandaise RTÉ a déclaré que la présence d’Israël « reste déraisonnable compte tenu des pertes en vies humaines à Gaza et de la crise humanitaire ». En Slovénie, RTV a relayé les propos de Natalija Goršcak : « Notre message est clair : nous ne participerons pas si Israël est là. À cause des 20 000 enfants qui sont morts à Gaza. »
À l’inverse, la France a confirmé sa participation et ne conditionnera pas sa présence. L’Allemagne avait averti qu’elle se retirerait uniquement en cas d’exclusion d’Israël.
L’ORF, chaîne publique autrichienne organisatrice de l’édition 2025, plaidait depuis plusieurs semaines pour le maintien d’Israël. Roland Weißmann, son directeur général, avait assuré que « les gouvernements ne participent pas » et que la présence de KAN, la chaîne publique israélienne, s’inscrit dans l’esprit du concours : bâtir des ponts entre radiodiffuseurs et public.
De nouvelles règles pour neutraliser une crise
Face aux tensions, l’UER a adopté de nouvelles règles destinées à garantir la « neutralité » et la « transparence » du concours. Ces dispositions rendent désormais impossible tout vote interne sur la participation d’un pays membre. Concrètement, tout radiodiffuseur souhaitant concourir devient automatiquement éligible. Une manière de désamorcer un éventuel vote d’exclusion et de contourner les divisions qui menaçaient d’éclater.
Une décision hautement politique
Officiellement apolitique, l’Eurovision reste pourtant un terrain où s’expriment alliances régionales, tensions géopolitiques et stratégies d’influence. Le maintien d’Israël, alors que la guerre à Gaza divise les opinions publiques européennes, est donc loin d’être neutre.
Le contraste avec d’autres précédents nourrit les critiques : la Russie avait été exclue dès 2022 après l’invasion de l’Ukraine, tandis que ses athlètes avaient encore concouru sous bannière neutre aux Jeux olympiques avant qu’une décision judiciaire ne change la donne.
Pour plusieurs observateurs, l’UER applique ici un « deux poids, deux mesures ». L’argument de la guerre offensive, déterminant dans le cas russe, semble difficilement conciliable avec le maintien d’Israël, alors même que des juridictions internationales reconnaissent l’ampleur du conflit et de ses conséquences humanitaires.
Un leurre stratégique
La réforme technique adoptée par l’UER apparaît comme un moyen de se décharger de la responsabilité politique : permettre la participation d’Israël tout en évitant aux pays membres d’avoir à voter pour ou contre lui. Chacun reste libre de participer… ou de boycotter.
Mais cette stratégie pourrait se retourner contre l’organisation. En cherchant à préserver l’image d’un concours « neutre », l’UER risque au contraire d’exposer davantage l’Eurovision à la politisation et aux fractures qui traversent l’Europe. L’exemple de 2021, où l’Arménie s’était retirée en raison de la présence de l’Azerbaïdjan, montre que l’Eurovision n’a jamais été isolé des conflits.
Si les boycotts se multiplient dans les prochaines semaines, l’édition 2025 pourrait devenir l’une des plus divisées de l’histoire. L’événement, censé célébrer la musique et l’unité, pourrait finalement illustrer la fragmentation politique du continent.
