Au moins 9 hommes condamnés ou en attente d’un procès de terrorisme ont exercé au sein du RN.
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Par Ryan •

Au moins neuf hommes impliqués dans des affaires de terrorisme d’extrême droite, soit condamnés soit en attente de procès, ont un passé de responsabilités ou de candidatures au sein du Rassemblement national (RN). C’est le seul parti français où une telle concentration est relevée. Parmi eux, des membres de l’Action des forces opérationnelles (AFO), démantelée en 2018, ont été jugés et condamnés en septembre 2025 pour association de malfaiteurs terroriste, leurs projets visant notamment des attaques contre la communauté musulmane. La présidente du tribunal correctionnel a rappelé que ces personnes étaient motivées par des « préoccupations xénophobes ».
Les projets identifiés lors de l’enquête étaient d’une violence inouïe : tuer deux cents imams, lancer des grenades sur des familles arabes, ou encore empoisonner des produits halals avec du cyanure. D’autres procédures judiciaires, comme celles touchant des cellules néonazies, confirment le même schéma. Depuis 2017, dix-neuf affaires de terrorisme d’ultradroite ont émergé, dont au moins dix dans lesquelles apparaissent des ex-militants ou candidats du RN. Cela représente neuf personnes sur 79 suspects recensés. Aucun autre parti n’a un tel bilan judiciaire.
Le RN, sollicité à plusieurs reprises par Mediapart, n’a donné aucune réponse. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) lui-même souligne dans ses réquisitoires que la banalisation des thèses d’extrême droite dans l’espace public contribue à légitimer les idéologies de l’ultradroite violente. Un exemple frappant est le meurtre raciste de Hichem Miraoui en mai 2025, où le tueur affichait son soutien au RN. Bien que présenté comme « déséquilibré » par une députée RN locale, son crime interroge la porosité entre discours politiques et passages à l’acte.
Des experts comme Elyamine Settoul expliquent que cette radicalisation s’ancre dans une transmission familiale et dans des idées trouvant leur justification dans le programme du RN. Plusieurs terroristes disent ne pas avoir perçu de différence entre ce qui était énoncé au RN et ce qu’ils ont ensuite entendu dans les groupes clandestins. Le danger, selon les juges et chercheurs, est que la frontière entre engagement politique et basculement terroriste se brouille de plus en plus.
Les parcours individuels montrent une continuité troublante. Guy Sibra, fondateur de l’AFO, ancien membre du FN en Charente-Maritime, a été condamné à cinq ans de prison. Philippe Gensou, candidat FN en 1994, a enseigné à ses camarades la fabrication d’explosifs, avec une bibliothèque remplie d’ouvrages nazis. Francis Maginot, candidat FN aux législatives en 2012, est mis en examen dans « Opération Azur » pour avoir organisé un réseau clandestin. Chacun a reconnu avoir entretenu des liens politiques avec le RN avant de basculer dans des projets violents.
D’autres cas illustrent la même tendance : Denis Lang et son gendre Thibaud Rufra, anciens candidats aux municipales de 2014 avec le FN, condamnés pour un projet d’attentat néonazi. Sébastien Dudognon, ex-responsable des jeunes du FN en Corrèze, fasciné par le IIIe Reich, a également écopé de prison ferme. Denis Collinet, fondateur des « Barjols », groupe qui prévoyait des assassinats contre Emmanuel Macron et des musulmans, a lui-même affirmé avoir recruté en priorité d’anciens militants RN.
Les noms s’accumulent : Logan Nisin, ex-militant FN dans les Bouches-du-Rhône, condamné à neuf ans de prison pour avoir fondé l’OAS, une organisation prête à commettre des attentats. À ses côtés, Geoffrey Hanot, candidat FN aux municipales de 2014, a été reconnu coupable et décrit comme un militant imprégné de racisme et de références royalistes. Tous ont nourri leur passage à l’acte d’un terreau idéologique en partie façonné au sein du RN, même si le parti nie toute responsabilité.
Ces parcours judiciaires montrent que le lien entre RN et mouvances terroristes d’extrême droite n’est ni accidentel ni isolé. Même si les responsables du parti revendiquent une stratégie de « dédiabolisation », l’héritage militant et les discours tenus ont nourri une génération prête à passer à l’action. Le cas unique de ce parti dans les dossiers terroristes français soulève une question centrale : où s’arrête l’idéologie et où commence la violence politique ?