Cobalt, or, coltan : comment la richesse du Congo nourrit guerres, corruption et misère.
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Par Yanis •

La République démocratique du Congo détient environ 60 % des réserves mondiales de cobalt, un minerai essentiel pour la fabrication des batteries des téléphones et des voitures électriques. En plus de ces importantes réserves de cobalt, la RDC regorge d’or, de coltan et de diamants. Pourtant, selon un rapport de la Banque mondiale, en RDC, environ 73,5 % de la population vit avec moins de 2,15 USD par jour, et 40 % font face à une insécurité alimentaire chronique. De plus, les Nations unies estiment que 90 % des minerais extraits dans l’Est échappent au circuit légal. Mais qui sont les véritables bénéficiaires de l’extraction minière ?
Les groupes armés
Tout d’abord, il y a les groupes armés, parmi eux : les Forces démocratiques alliées, affiliées à l'État islamique, d’origine ougandaise mais opposées au régime de Yoweri Museveni, toujours en poste aujourd’hui. Les FDA font partie des groupes armés les moins connus, pourtant c’est sûrement l’un des plus meurtriers dans l’est de la RDC, plus précisément dans les gisements d’or près de Beni. Contrairement aux autres groupes, l’enrichissement ne fait pas partie des objectifs premiers, les FDA privilégient la propagande religieuse dans la région. Leur mode opératoire passe par la conversion forcée à travers des tueries, en plus de l’endoctrinement exercé sur les enfants kidnappés.
Ensuite, parmi eux, la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), groupe d’origine congolaise, exploite des mines d’or et de minerais. Pour maintenir leur présence, ils commettent des abus envers les civils dans la province d’Ituri. Et finalement, le M23, qui trouve sa scission au sein d'anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) intégrés au sein de l'armée congolaise et soutenus par le Rwanda.
C’est l’un des groupes les plus meurtriers, qui base sa politique sur le pillage, la tuerie et le viol pour s’emparer des zones riches en coltan autour de Goma et Bukavu. Ils sont appuyés notamment par des soldats sud-africains et burundais.
Le Rwanda et l’Ouganda
Le Rwanda, à travers son soutien au M23 – un soutien qui est documenté à travers des témoignages et de nombreuses preuves d’ONG – est devenu un exportateur majeur de coltan et d’or, alors qu’il n’en détient presque pas.
L’Ouganda est présent militairement à l’est de la RDC officiellement pour assurer une zone tampon le long de sa frontière et se protéger des ADF, officieusement pour importer de l’or congolais avant de l’exporter vers Dubaï ou l’Europe.
Il est important de noter que le régime rwandais de Kagame et le régime ougandais de Museveni entretiennent de bons rapports. En effet, des experts de l'ONU ont affirmé en 2024 que les renseignements ougandais avaient apporté un "soutien actif" au M23. Pour renforcer cette idée, Muhoozi Kainerugaba, fils de Museveni, chef de l'armée et possible dauphin, affiche un soutien total à M. Kagame.
L’État congolais
L'État congolais est aussi responsable du chaos à l’est de la RDC. En effet, l’armée congolaise officielle - communément appelée FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) - en s'associant à des milices pour exploiter les gisements, commet d'innombrables exactions à l’encontre des civils. De nombreux rapports d’ONG et d’enquêteurs de l’ONU pointent les violations graves commises par les Forces armées de la RDC et les groupes armés affiliés à l’encontre des civils démunis.
Les élites congolaises, elles aussi, sont responsables de la situation actuelle. La corruption gangrène le système, ne laissant aucune perspective d’avenir aux Congolais. De plus, des contrats miniers opaques, signés avec des firmes chinoises ou occidentales, viennent bouffer les caisses de l'État. En effet, selon certains observateurs : “Certains investisseurs (…) viennent les poches vides et repartent milliardaires”, tandis que la majorité de la population “croupit toujours dans la misère”.
Les multinationales
Tout repose sur un modèle économique néocolonial. Les principaux responsables de cette situation congolaise sont clairement les grandes multinationales qui aident et profitent de l’exploitation des sols au détriment des populations locales. C’est tout le grand problème du capitalisme actuellement : faire passer la recherche du profit avant celle des droits humains.
Le cobalt congolais se retrouve dans les batteries (Apple, Samsung, Tesla). L'or atterrit sur les marchés émiratis, suisses, turcs et occidentaux. Le coltan finit dans les smartphones et les ordinateurs. Si quelqu’un possède un téléphone, un ordinateur portable ou une voiture électrique, il entretient un lien direct avec la RDC.