Netflix rachète Warner Bros pour 83 milliards : Hollywood devient une succursale du capital.
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Par Romain •
© JasonDoiy / iStock
C'est désormais officiel : Netflix s’est offert Warner Bros pour 83 milliards de dollars. Oui, tu as bien lu : 83 milliards, soit l’équivalent de transformer deux siècles de culture hollywoodienne en un simple bouton “Ajouter au panier”. Le cinéma américain, déjà pas très en forme, vient de vivre son grand moment Avengers : l’ère de la consolidation. Netflix, qui jouait autrefois le rôle du petit trublion contre les vieux studios, est maintenant en train de devenir l’empereur galactique du divertissement. Le voilà propriétaire de Warner Bros, HBO, leurs catalogues immenses, leurs franchises cultes, leurs séries mythiques… en gros, tout ce qui faisait Hollywood avant que les algorithmes ne décident des scénarios. Le plus ironique ? Netflix n’a pas acheté seulement des films et des séries. Il a acheté un symbole : celui de la culture aspirée par la logique financière. À ce niveau-là, on ne parle même plus de rachat, on parle de digestion industrielle.
La culture comme marchandise XXL
Tu te souviens quand les studios se disputaient pour produire des œuvres qui marqueraient leur époque ? Aujourd’hui, ils se disputent pour savoir qui pourra le plus vite transformer ces œuvres en flux monétisables. Ce rachat n’est pas l’avenir du cinéma : c’est le triomphe du capitalisme culturel. Hollywood, cette grande machine à produire du rêve, se transforme progressivement en machine à produire du contenu, ce mot fade, sans âme, parfaitement calibré pour ne fâcher personne et rapporter beaucoup. 83 milliards, ce n’est pas le prix du cinéma. C’est le prix de son absorption. Netflix ne rachète pas une entreprise : il rachète un imaginaire collectif. Il s’offre une bibliothèque qui façonne l’enfance de millions de gens. Et comme tout bon monopole en construction, il pourra ensuite décider ce qui doit exister, ce qui doit être effacé, ce qui doit être “remaké”, ou ce qui doit être optimisé pour plaire au plus grand nombre ou au plus grand profit.
Hollywood devient une usine, et l’usine a un nouveau patron
Si tu pensais que Warner Bros allait rester ce studio qui osait parfois produire de vrais objets artistiques, détrompe-toi. Les logiques du streaming sont impitoyables : on coupe ce qui ne performe pas dès la première semaine, on annule les séries trop chères, on enterre les films pour optimiser les déclarations fiscales. Et maintenant que Warner appartient à Netflix, on peut déjà imaginer l’évolution : moins d’audace, plus de “contenus événements” générés par IA marketing ; moins de diversité, plus de formats qui plaisent aux courbes des analystes financiers ; moins de cinéma, plus d’opérations comptables enveloppées dans des belles affiches.
Le capitalisme a gagné : il a racheté Hollywood
Ce rachat n’est pas seulement une transaction financière gigantesque. C’est un signal : la culture n’est plus un espace d’expression, c’est une marchandise premium. Les œuvres sont des actifs, les licences des produits dérivés à rentabiliser, les studios des machines que l’on achète comme on achète une entreprise de logistique. Netflix a compris une chose que tout bon capitaliste comprend : contrôler la culture, c’est contrôler l’attention. Et contrôler l’attention, c’est contrôler l’argent. Hollywood, qui autrefois incarnait la créativité, n’est plus qu’une annexe d’un groupe technologique qui compte ses abonnés comme d’autres comptent leurs moutons.
Finalement, ce n’est pas Netflix qui avale Warner : c’est le capitalisme qui avale la culture
Le rachat de Warner Bros par Netflix pour 83 milliards n’est pas un drame artistique. C’est une métaphore. Une parabole moderne. La preuve éclatante que dans ce système, même les mythes collectifs peuvent se vendre comme on vend une startup. Les films deviennent des “produits”, les artistes des “investissements”, et les spectateurs des “sources de données”. C’est peut-être ça, finalement, le plus grand twist narratif : la fin de Hollywood n’est pas un film catastrophe… c’est un plan comptable.
