Près d’une femme sur trois victime de violences conjugales ou sexuelles, selon un rapport de l’OMS.
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Par Yanis •
© ALEXIS SCIARD / MAXPPP
Un nouveau rapport de l’OMS, publié mercredi dernier, révèle un chiffre vertigineux et inquiétant : 840 millions de femmes dans le monde, soit près d’une femme sur trois, ont subi des violences conjugales ou sexuelles au cours de leur vie. Ces chiffres sont largement sous-estimés, selon plusieurs experts, en raison de la crainte de nombreuses femmes victimes de violences de s’exprimer sur ce sujet.
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, s’indigne de la situation : « La violence à l’égard des femmes est l’une des injustices les plus anciennes et les plus répandues de l’humanité, et pourtant l’une des moins combattues. » Il ajoute : « Aucune société ne peut se prétendre juste, sûre ou saine tant que la moitié de sa population vit dans la peur. Derrière chaque statistique se cache une femme ou une fille dont la vie a été bouleversée à jamais. »
Une crise sous-financée
Cette crise, l’une des plus anciennes, reste aujourd’hui sous-financée. En 2022, par exemple, seulement 0,2 % de l’aide mondiale au développement a été allouée à des programmes de prévention destinés aux femmes. Ce sous-financement impacte des millions de femmes victimes de violences sexuelles. La communauté internationale les abandonne, les laissant sans protection et dans la peur, face à un système mondial injuste et profondément problématique, qui enseigne à l’homme la domination sur la femme et lui garantit l’impunité en cas de violence.
Des violences en ligne
Cette violence n’est pas seulement physique. Elle s’exerce aussi sur Internet : harcèlement en ligne, doxing (partage non consenti d’images personnelles) et désinformation. L’émergence de l’IA ne fait qu’aggraver la situation : plusieurs femmes sont désormais victimes de deepfakes.
« Ce qui commence en ligne ne reste pas en ligne. Les violences numériques se prolongent dans la vie réelle, où elles sèment la peur, réduisent les victimes au silence et, dans les cas les plus graves, donnent lieu à des violences physiques et à des féminicides », déclare Sima Bahous, directrice exécutive d’ONU Femmes.
Une prise de conscience nécessaire et urgente
À une époque où les crises humanitaires et climatiques augmentent et où les discours masculinistes fusent dans le débat public, les hommes doivent prendre conscience du conditionnement dont ils sont l’objet, à travers la domination de l’homme sur la femme et l’impunité dont certains jouissent encore aujourd’hui. Dès le plus jeune âge, les hommes sont influencés par des facteurs sociétaux, culturels, économiques et familiaux qui imposent cette domination, dont ils doivent se détacher.
Cette prise de conscience doit passer par l’éducation. Le respect de la femme passe par l’enseignement du consentement et de ce qui constitue une violence — physique, sexuelle, psychologique ou en ligne — afin que chacun comprenne que ces actes sont inacceptables et que personne n’est au-dessus des règles. L’éducation constitue une barrière essentielle pour lutter contre ces violences. Elle doit viser le bien-être de la femme dans la société et promouvoir l’égalité.
Certains détracteurs masculinistes ou personnalités d’extrême droite y voient de la soumission ou une opposition aux structures traditionnelles, ce qui est dangereux et profondément injuste. Or, ce sont souvent ces structures traditionnelles qui sont, la plupart du temps, responsables des violences et des injustices envers les femmes. Ces structures doivent être démantelées pour éviter qu’elles se reproduisent. L’humain évolue : il doit donc se détacher des anciennes structures pour en construire de nouvelles, plus justes. L’éducation, lorsqu’elle n’est pas manipulée par les puissants, est un levier pour éveiller les consciences. Sur ce sujet, il faut voir la lumière au bout du tunnel : respecter la femme et, plus généralement, respecter l’être humain.
