Glucksmann, nouveau « macroniste » social-démocrate : le PS de Faure regarde le train passer.
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Par Romain •
Les rassemblements du 16 novembre ont offert une image assez parlante de la gauche française : d’un côté, Raphaël Glucksmann, tout sourire, en train de reconstituer un club de sociaux-démocrates apaisés façon “Macron 2017 mais en plus doux”. De l’autre, Olivier Faure, qui agite l’idée d’une primaire de gauche comme un vendeur de gadgets sur un marché qui a déjà fermé.
Glucksmann : la version social-démocrate du macronisme, en plus frais
À Pontoise, Glucksmann a rassemblé autour de lui Hollande, Delga, Cazeneuve, Rebsamen— soit tout ce que la Ve République produit de plus professionnel en termes de gestion politique tiède mais rassurante. Un casting qui respire la stabilité, certes, mais qui sent aussi un peu la salle d’attente de 2017 où Macron avait recruté à peu près les mêmes profils. Le Monde ne s’y trompe pas : on accuse déjà Glucksmann de jouer “le Macron de gauche”, rééditant la stratégie du “je ne me mêle pas à la primaire, je suis au-dessus de ça”. Un positionnement céleste, que les sociaux-démocrates adorent.
Quant à son électorat ? Selon une étude citée par L’Est Républicain : 30 % viennent de Macron : normal, ils retrouvent à la maison leurs bonnes vieilles habitudes (Europe + réformes + café sans sucre) et 38 % viennent de Mélenchon : ceux-là, c’est l’effet “j’aime la gauche mais j’aime pas qu’on me crie dessus”. Que ce doux mélange finisse par donner un “néo-macronisme social-démocrate”, ce n’est donc pas une insulte. C’est littéralement écrit sur la boîte. Surtout que les clins d’œil au centre ne s’arrêtent pas là : Bernard Cazeneuve traîne même du côté du MoDem. Quand on commence à fréquenter les amis de Bayrou, difficile ensuite de jouer les rebelles anti-système…
Faure et sa primaire fantôme : le concours de beauté sans programme
Pendant ce temps, Olivier Faure répète qu’il veut une grande primaire de gauche. C’est noble. C’est généreux. Mais c’est… complètement déconnecté du jeu réel. Parce qu’une primaire sans programme, c’est comme une soirée électorale sans buffet : on peut venir, mais on se demande pourquoi.
Faure semble penser qu’il suffit d’aligner quelques logos – PS, EELV, anciens insoumis recyclés – et que la magie opérera. Or la gauche actuelle est divisée en deux blocs idéologiques identifiés : Glucksmann et son social-macronisme tranquille et Mélenchon et son radicalisme assumé. Entre ces deux mondes, une primaire “façon Faure” ressemble à un sketch où l’on essaierait de faire débattre un conseiller bancaire et un zadiste sur le prix du quinoa.
Le problème n’est pas la méthode, mais le vide : pas de programme, pas de boussole, pas de base militante mobilisée. Résultat : Faure fait figure de commentateur plutôt que d’acteur.
La fenêtre d’Overton part à droite, mais Glucksmann la suit en trottinant
La sociologie politique rappelle que le centre, depuis quelques années, s’est déplacé vers des positions plus droitières. Macron a conquis une part énorme des cadres (77 % en 2022) et professions intermédiaires. Cet électorat aime l’ordre, l’Europe, et les discours raisonnables. Glucksmann a flairé l’occasion, et joue le rôle du remplaçant officiel : “Macron vous a déçus ? Je propose la même chose, mais avec un sourire moins crispant.”
Le vrai duel : Glucksmann contre Mélenchon, Faure en arbitre bénévole
Soyons sérieux : Mélenchon a son camp, sa ligne, sa base, son programme. Glucksmann a son image, ses réseaux, son électorat hybride et son équipe façon “PS Premium”. Faure, lui, a une primaire dont personne ne veut.
À la fin, le vrai choc pour 2027 ressemblera davantage à une battle idéologique entre Glucksmann et Mélenchon, qu’à une union arc-en-ciel pilotée par Faure. Et sauf retournement spectaculaire, Faure risque d’être le monsieur Loyal dans un cirque où les animaux ont déjà choisi leurs dresseurs.
Conclusion (taquine, mais juste)
Entre un Glucksmann qui se macronise sans l’avouer et un Faure qui propose une primaire sans contenu, la gauche française offre en ce moment un spectacle étrange : le premier joue au héritier naturel du centre, le second au chef d’orchestre d’un orchestre sans partitions, et tout le monde fait semblant que Mélenchon n’est pas là, alors que c’est lui qui crie le plus fort.
La recomposition est en marche, que les unionistes le veuillent ou non. Glucksmann, dans son costume de “Macron de gauche”, n’a peut-être jamais été aussi crédible.
