Leur père se suicide, les 2 fils portent plainte contre son employeur pour homicide involontaire.
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Par Ryan •

Les deux fils d’un commercial d’une entreprise de peinture à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, ont porté plainte le 19 juin 2025 contre l’employeur de leur père pour « homicide involontaire » et « provocation au suicide ». Vincent Bailly, 53 ans, s’est donné la mort en mai 2024. C’est son fils cadet, Hugo, alors âgé de 25 ans et collègue de travail, qui l’a retrouvé sans vie à son domicile de Cholet (Maine-et-Loire).
Un an plus tard, Hugo et son frère aîné Martin, 28 ans, ont saisi la procureure de la République de Saint-Nazaire. Dans leur plainte, ils pointent les responsabilités de l’entreprise Peinturoll, de sa dirigeante et de son directeur commercial. Vincent Bailly, ancien professionnel de la grande distribution, avait entamé une seconde carrière comme commercial en 2011, où il avait réussi à tripler son portefeuille clients. D’après ses fils, il était alors « épanoui » et « passionné » par son métier.
Mais lorsqu’il rejoint Peinturoll en avril 2023 avec un statut de « multicarte », la situation se dégrade rapidement. Les promesses de chiffre d’affaires se révèlent illusoires, les fichiers clients disparaissent, et il doit reconstruire un portefeuille client sans soutien. Il est également freiné par une clause de non-concurrence. « On lui a vendu du rêve pour récupérer son portefeuille », affirment ses fils. L’entretien avec la dirigeante fin 2023 n’apporte aucune clarification sur son avenir.
En janvier 2024, alors que la pression monte, Vincent Bailly est arrêté pour un « syndrome anxio-dépressif chronique ». Malgré son arrêt maladie, il continue de recevoir des mails et appels insistants de la direction. Lorsqu’il reprend le travail en avril 2024, aucune visite de reprise — pourtant obligatoire après plus de 60 jours d’arrêt — n’est organisée.
La pression recommence aussitôt. Une convocation lui est envoyée pour discuter d’une réorganisation de ses secteurs et le pousser à abandonner son autre employeur. Il finit par céder « sous la menace », selon l’avocate de ses fils, se disant « décontenancé » et « submergé par l’angoisse ». Il montre des signes de « paranoïa » et d’« hypervigilance ». Le 16 mai 2024, un entretien au domicile du père du directeur commercial semble marquer un tournant. « Ils veulent me faire porter le chapeau », confiera-t-il à ses fils.
Le 24 mai, la direction lui envoie un mail très agressif, pointant son temps de trajet et ses performances. Le lendemain, son fils Hugo l’emmène aux urgences de Cholet, mais aucun psychiatre n’est disponible. Il se suicide dans la nuit du 26 mai 2024. Le lendemain, ses fils reçoivent une convocation à un entretien préalable à licenciement. La direction justifiera ce courrier comme une rupture de contrat pour démarrer un poste en exclusivité.
Hugo et Martin dénoncent aussi l’absence totale de condoléances ou de geste humain de l’entreprise. Seul un appel a été passé pour demander : « Comment on fait pour tes clients ? ». Hugo a quitté l’entreprise et les deux frères ont décidé d’entamer une procédure judiciaire. « C’est l’entreprise qui a poussé mon père à faire cet acte-là », affirme Martin.
De son côté, la dirigeante réfute toute responsabilité. Elle évoque des « problèmes de santé » et « de couple » que la famille aurait « occultés » pour des raisons « financières ». Elle se dit « terriblement affectée » mais refuse de s’exprimer davantage avant la fin de la procédure, espérant un classement sans suite.
Le 24 octobre 2024, la CPAM reconnaît le suicide comme un accident du travail. Une seconde procédure est engagée au pôle social du tribunal judiciaire de Saint-Nazaire pour faire reconnaître une « faute inexcusable ». L’inspection du travail a par ailleurs signalé au parquet des faits pouvant relever de harcèlement moral. À ce jour, les dirigeants sont présumés innocents.