Frantz Fanon : Comment aborder la psychiatrie et ses enjeux dans un contexte colonial ?
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Par Yanis •

Frantz Fanon, psychiatre de nationalité française qui se considérait comme citoyen algérien, est une figure majeure de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Il a révolutionné la psychiatrie en élaborant la théorie de la psychologie de la libération.
Il a travaillé en tant que psychiatre à l’hôpital de Blida, où il soigna de nombreux patients algériens, ce qui lui a permis de développer et affiner sa théorie.
Cet article a pour objectif de détailler cette théorie et sa mise en pratique, afin de mieux comprendre l’impact de Fanon sur la psychiatrie et sur la pensée anticoloniale.
La théorie de la psychologie de la libération
Selon Fanon, dans un contexte colonial, la psychiatrie officielle ne sert pas à soigner les gens, mais plutôt à les maintenir dans l’ordre colonial, exerçant ainsi une forme de violence institutionnalisée. En refusant la psychiatrie coloniale classique, Fanon a inventé une nouvelle approche : la psychiatrie de libération, une psychiatrie affranchie des velléités de l’oppresseur.
Contrairement à la psychologie classique de son époque, Fanon ne sépare pas la maladie mentale du contexte politique et social. Il considère même que la libération politique et sociale est une condition essentielle à la guérison. Sa vision transforme la psychiatrie en un instrument non seulement de soin individuel, mais aussi de compréhension des peuples opprimés.
Son raisonnement peut se résumer ainsi : l’engagement en faveur de la libération sociale implique également un engagement pour la libération psychologique.
La mise en pratique de ce raisonnement, initialement théorique, a été réalisée par Fanon lors de son passage à l’hôpital de Blida à Alger, pendant la guerre d’indépendance.
La mise en pratique de la théorie de la libération
Frantz Fanon a montré que la psychiatrie, dans un contexte colonial, ne pouvait pas se limiter à soigner les individus de manière isolée. À l’hôpital de Blida, pendant la guerre d'Algérie, il a mis en place des activités sociales collectives (ateliers, discussions etc.) afin de redonner aux patients algériens autonomie, dignité et lien avec la communauté. Ces activités ne visaient pas seulement à distraire, mais à restaurer l’identité collective, profondément perturbée par l’oppression coloniale.
Le succès de cette approche a mis en évidence une réalité cruciale : la maladie mentale n’est pas seulement individuelle, elle peut être la conséquence d’une oppression sociale et politique. Ainsi, pour Fanon, soigner un patient signifie aussi reconnaître et combattre les structures d’injustice qui ont causé son traumatisme. Sa méthode illustre une psychiatrie de libération, où le soin psychique et la lutte pour la liberté collective sont indissociables.