4 journalistes palestiniens tués lors d’une frappe israélienne sur l’hôpital Nasser à Gaza.
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Par Ryan •

Une nouvelle tragédie a frappé la profession journalistique à Gaza : quatre reporters palestiniens ont été tués le lundi 25 août lors d’une frappe israélienne visant l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de l’enclave assiégée, c’est la 3ème attaque sur cet hôpital, le 13 mai dernier, 2 morts et 12 blessés dans une frappe israélienne. Les victimes, identifiées comme Houssam El-Masri, Moaz Abu Taha, Mohammad Salamé et Mariam Abou Daqa, travaillaient pour de grandes agences et médias internationaux tels que Reuters, NBC, Al-Jazeera, Associated Press et The Independent Arabic.
Selon des responsables du ministère de la Santé à Gaza, l’attaque a causé la mort de quinze personnes au total. Des drones kamikazes israéliens ont ciblé les étages supérieurs du bâtiment, là où plusieurs journalistes s’étaient rassemblés pour documenter la situation. Al-Jazeera a rapporté que le toit et les derniers niveaux de l’hôpital avaient été intentionnellement visés. Le journal libanais L’Orient-Le Jour ajoute que lorsqu’une équipe de secouristes a tenté de venir en aide aux blessés, une seconde frappe a immédiatement suivi, aggravant le bilan humain.
Reuters a confirmé que le flux vidéo en direct de son caméraman Houssam El-Masri s’était soudainement interrompu au moment de la première explosion, signe que l’attaque a frappé directement l’endroit où les reporters exerçaient leur travail. Des funérailles récentes avaient déjà rassemblé la profession après la mort, le 11 août, de plusieurs journalistes d’Al-Jazeera et de photographes palestiniens, tués lors d’une autre frappe israélienne à Gaza.
Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série d’attaques répétées contre la presse dans la bande de Gaza. Depuis le début de l’offensive israélienne, près de 200 journalistes palestiniens ont été tués par les bombardements, les tirs directs ou les mauvais traitements infligés par l’armée israélienne. Leurs seuls « torts », selon plusieurs ONG, sont d’avoir documenté ce que de nombreux observateurs internationaux qualifient de génocide en cours dans l’enclave palestinienne.
Le bureau des Médias du gouvernement de Gaza, cité par la chaîne Al-Jazeera, a confirmé que le nombre de journalistes tués depuis le début du conflit s’élève désormais à 244, après l’annonce de la mort de Houssam El-Masri, Moaz Abu Taha, Mohammad Salamé et Mariam Abou Daqa lors de l’attaque de l’hôpital Nasser. Le photographe Hatem Khaled, lui aussi employé par Reuters, a survécu à la frappe mais a été grièvement blessé. Ce bilan dramatique rejoint les estimations publiées par Reporters sans frontières (RSF) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ).
Ces organisations rappellent que pour plus de quarante de ces reporters, il existe des éléments laissant penser à un ciblage intentionnel de l’armée israélienne. Thibaut Bruttin, directeur général de RSF, a dénoncé sur franceinfo un mode opératoire « consistant en des tirs directs ou l’envoi de missiles à destination de personnes identifiées comme journalistes ». Une situation que l’organisation juge intolérable, appelant la communauté internationale à intervenir pour protéger la liberté de la presse.
Malgré les condamnations répétées, Tel-Aviv continue ses opérations militaires sans relâche. Ni l’armée israélienne ni le bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou n’ont souhaité commenter l’attaque de l’hôpital Nasser. Ce silence officiel s’inscrit dans une stratégie de déni déjà observée après la frappe du 10 juillet, qui avait tué les reporters Anas Al-Sharif et Mohammed Qreiqeh, les photographes Ibrahim Zaher et Moamen Aliwa ainsi que le chauffeur Mohammed Noufal.
Pour les journalistes palestiniens, le sentiment d’être devenus des cibles assumées par l’armée israélienne s’installe chaque jour un peu plus. « Nous finirons tous avec une balle dans la tête », avait déjà averti Nasser Abu Baker, figure de la profession. Dans ce contexte, chaque nouvelle attaque contre la presse est perçue comme un message glaçant adressé à ceux qui continuent de témoigner sur le terrain.