Ce qui aurait dû être un vol banal entre Valence et Paris-Orly
a tourné à l’incident diplomatique. Un groupe de jeunes français juifs a été débarqué de force par la Guardia Civil, sur décision du commandant de bord. Officiellement, la compagnie Vueling évoque des raisons de sécurité. Officieusement, des accusations d’antisémitisme émergent. Que s’est-il réellement passé dans la carlingue de ce vol VY8166 ?
Enquête sur une affaire trouble, entre sécurité aérienne, gestion de crise et communication verrouillée.
52 passagers débarqués par la Guardia Civil
Le vol, initialement prévu à 14h05, a été retardé de plus de deux heures. En cause : un groupe de 52 passagers, dont 44 adolescents âgés de 10 à 15 ans, et 8 accompagnateurs, participant à un séjour de vacances, a été débarqué de l’avion par la Guardia Civil, à la demande du commandant de bord.
Selon Vueling, les passagers en question auraient eu
un comportement perturbateur au moment des consignes de sécurité. Certains jeunes auraient été agités, et des membres du groupe auraient manipulé des équipements de sécurité sans autorisation. Malgré les rappels à l’ordre du personnel, la situation n’aurait pas été maîtrisée, poussant le pilote à solliciter l’intervention des forces de l’ordre.
Une source aéroportuaire à Valence nous confie, sous couvert d’anonymat :
« Les agents de sécurité n’avaient pas de consigne spéciale à leur sujet. Mais un chef d’escale s’est plaint du volume sonore des jeunes. »
Tensions à bord et menottage
Des témoignages rapportent qu’une jeune monitrice du groupe a été menottée brièvement par les agents espagnols, avant d’être relâchée sans poursuite.
Les passagers ont ensuite été escortés hors de l’avion. Un vol de remplacement a été organisé pour partie du groupe, les autres ayant passé la nuit à Valence.
Israël évoque un possible antisémitisme
L’affaire a rapidement pris une tournure diplomatique. Le ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli, a dénoncé
un comportement « antisémite » de l’équipage, affirmant que les jeunes, de confession juive, auraient été ciblés notamment parce qu’ils chantaient en hébreu. Selon certains récits relayés par des médias israéliens, des membres de l’équipage auraient tenu des propos déplacés, qualifiant notamment Israël de « pays terroriste ».
Vueling dément fermement toute discrimination
Dans un communiqué publié mercredi,
a rejeté toute accusation de racisme ou de discrimination religieuse. La compagnie affirme que « les passagers ont été débarqués uniquement pour des raisons de sécurité » et que « les décisions prises relèvent de la responsabilité du commandant de bord en lien avec la sécurité de l’appareil ».
La Guardia Civil, de son côté, a confirmé être intervenue à la demande du pilote, précisant qu’aucune personne n’a été arrêtée et qu’aucune charge n’a été retenue.
La communauté juive espagnole ainsi que plusieurs associations de défense des droits civiques ont demandé à Vueling de publier les enregistrements audio et vidéos du vol, ainsi que les échanges internes, pour faire toute la lumière sur les événements.
À l’heure actuelle, la compagnie n’a pas indiqué si elle comptait répondre à cette demande.
Un contexte international sensible
Cet incident survient dans un climat de tensions accrues autour de la question israélo-palestinienne, avec une recrudescence des alertes à l’antisémitisme en Europe ces derniers mois. Il pourrait relancer le débat sur les responsabilités des compagnies aériennes dans la gestion des passagers dits « à risque », ainsi que sur les biais éventuels dans le traitement des minorités.
L’enquête interne de Vueling est en cours. Aucune suite judiciaire n’a été annoncée pour l’instant.