Faut-il vraiment s’inquiéter de la chute possible du gouvernement Bayrou et de l’impact sur les banques françaises ?
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Par Ryan •

Depuis que François Bayrou a annoncé qu’il soumettrait son gouvernement à un vote de confiance le 8 septembre, les banques françaises cotées subissent de fortes pertes à la Bourse de Paris, en raison de la sensibilité élevée de ce secteur au risque politique.
BNP Paribas, Crédit Agricole SA et Société Générale avaient jusque-là connu une belle progression sur le CAC 40, la Société Générale enregistrant même la hausse la plus importante depuis le début de l’année. Les perspectives dans la banque de détail et dans la banque de financement et d’investissement semblaient favorables pour 2025.
Mais l’annonce du Premier ministre a totalement bouleversé cette dynamique : la menace d’une censure politique a ravivé le spectre d’un blocage institutionnel et renforcé l’incertitude sur la capacité du gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour redresser les finances publiques françaises.
La France reste confrontée à un déficit budgétaire élevé, estimé à 5,8 % du PIB pour 2024, et figure parmi les pays européens avec la part de dépenses publiques la plus importante après la Finlande. Le gouvernement Bayrou ne disposant pas de majorité au Parlement, l’adoption d’un budget devient plus complexe, augmentant le risque d’une chute gouvernementale, comme le souligne UBS.
Le CAC 40 a réagi négativement, abandonnant 1,8 % ce mardi après avoir perdu 1,59 % la veille. Sur le marché obligataire, l’écart entre le rendement de l’obligation souveraine française à 10 ans et l’obligation allemande de même échéance, le fameux “spread”, a atteint 77 points de base, un niveau inédit depuis avril, témoignant de la tension accrue sur les marchés.
Selon Antoine Fraysse-Soulier, analyste chez Etoro, ce “choc politique” accentue le risque souverain et l’incertitude réglementaire et budgétaire, pénalisant logiquement les secteurs les plus dépendants des décisions publiques, comme les banques.
Les valeurs bancaires françaises ont été les premières touchées : ce mardi, Société Générale perdait 7 % vers 11h30, Crédit Agricole SA 5,9 % et BNP Paribas 5,4 %, accusant trois des quatre plus fortes baisses du CAC 40. La veille, elles avaient déjà reculé de 3,49 %, 2,96 % et 3,54 % respectivement.
Christopher Dembik, de Pictet AM, explique que ces mouvements reflètent la crainte d’une dégradation prochaine de la dette française par les agences de notation. Cependant, Barclays rappelait qu’une baisse de la note souveraine n’entraîne pas systématiquement une dégradation des banques, comme cela avait été le cas en 2024 pour la France.
En 2024, la Royal Bank of Canada avait noté que l’évolution des actions bancaires françaises était étroitement corrélée au spread à 10 ans entre les obligations françaises et allemandes, mais que l’exposition directe à la dette souveraine restait limitée. Barclays précisait que les obligations françaises ne représentaient qu’environ 2,4 % des actifs totaux des banques, limitant le risque de contagion.
David Benamou, directeur des investissements chez Axiom AI, rappelle que les banques françaises sont très diversifiées, tant géographiquement que par métiers, avec des activités comme la gestion d’actifs et la conservation de titres via CACEIS pour Crédit Agricole SA. L’exposition à la banque de détail française, la plus sensible au risque politique, reste contenue : UBS estimait en 2024 que ce segment représentait seulement 20 % du résultat brut d’exploitation de Société Générale et 11 % de celui de BNP Paribas.
Les réactions boursières sont donc surtout un sentiment de marché lié au risque politique domestique, sans traduction matérielle immédiate dans les comptes des banques. Même lors de pics du spread à 10 ans entre la France et l’Allemagne, les établissements ont continué à dégager de bons résultats, démontrant leur résilience.
En conclusion, la correction actuelle des cours bancaires, bien que marquée, ne reflète pas nécessairement une menace structurelle pour les banques françaises. Le risque politique ne pourrait avoir un impact significatif que si des changements économiques ou réglementaires profonds venaient à modifier durablement le cadre d’activité des établissements.