Implosion des Alliances, le champ politique français face à une crise sans précédent.
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Par Baptiste •

Ça sent le gaz
Au lendemain de la démission de Sébastien Lecornu et de la menace d’une dissolution, nous assistons à une crise sans précédent au sein des différentes alliances, en particulier entre les partis du socle commun (Soco) et ceux du Nouveau Front populaire (NFP). La situation est donc explosive en cette matinée du mardi 7 octobre 2025.
L’ancien Nouveau Front populaire
Rien ne va plus entre le Parti socialiste et LFI, déjà en conflit ouvert. Pourtant, dès la démission du gouvernement et la possibilité d’une dissolution pointant le bout de son nez, Jean-Luc Mélenchon avait appelé à une réunion des partis. C’est finalement les écologistes qui se sont attelés à l’organisation de cette rencontre, prévue ce mardi matin. L’initiative a rapidement tourné au vinaigre : le Parti socialiste a en effet fait savoir qu’il ne souhaitait pas discuter avec LFI, et a été rejoint par le groupe GDR (communistes et apparentés). Ce sont donc deux réunions distinctes qui vont se tenir — entre écologistes et LFI d’une part, puis entre écologistes, socialistes et GDR d’autre part — dans le but « d’envisager une cohabitation et la nomination d’un Premier ministre de gauche », mais aussi de tenter de trouver des points de convergence afin de recoller les morceaux entre les différentes formations de gauche, qui semblent depuis quelques semaines irréconciliables.
Pourtant, la situation n’est pas si évidente du côté des socialistes, officiellement toujours candidats au poste de Premier ministre. Dans le cas de la nomination d’une cheffe ou d’un chef de gouvernement socialiste toléré par Les Républicains, le parti aurait tout intérêt à se distancier des Insoumis afin d’éviter la censure. Toutefois, les déboires actuels du Soco pourraient tout aussi bien — même si cela nécessiterait un changement complet de politique — encourager les socialistes à traiter directement avec le bloc de gauche pour bâtir une nouvelle coalition. Dans tous les cas, en cas de nouvelles élections, la pureté idéologique de chacun des partis de gauche pourrait bien sceller leur défaite et provoquer l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national.
Ça va marcher beaucoup moins bien
Si le NFP a du plomb dans l’aile depuis maintenant plusieurs semaines, il en est de même pour le Soco. Même le Premier ministre démissionnaire a tenté, lui aussi, d’organiser une réunion ce matin à Matignon, mais il s’est rapidement heurté au refus de Bruno Retailleau, qui préfère désormais être traité en bilatérale, affirmant son indépendance vis-à -vis du camp présidentiel. Édouard Philippe (Horizons) et Hervé Marseille (UDI) ont également annoncé leur absence à cette réunion, considérant qu’elle n’avait plus lieu d’être en l’absence des Républicains, consacrant ainsi l’indépendance et l’autonomie de leurs partis respectifs vis-à -vis de Renaissance (ex-Ensemble pour la République, ex-En Marche).
Règle des deux et cerise pour le chaos
Tout a commencé avec les Rencontres d’Arras et le très controversé discours de Gabriel Attal, le 21 septembre, durant lequel « Gabi » avait déjà pris ses distances en déplorant la dissolution hasardeuse de l’Assemblée nationale par le président de la République en juin dernier. La rupture entre le patron de Renaissance et le chef de l’État est désormais consommée, après la déclaration de l’ex-Premier ministre affirmant « ne plus comprendre les décisions du président de la République », un parricide politique non sans rappeler la prise de distance d’Emmanuel Macron avec François Hollande à l’aube de la présidentielle de 2017. Édouard Philippe a également mis une pièce dans la machine en demandant ce matin la démission du président de la République et l’organisation d’une présidentielle anticipée, planifiée après l’adoption du budget. L’ensemble de ces propos a immédiatement été honni par Marc Fesneau (MODEM), pour qui « un Premier ministre ne devrait pas dire ça », appelant à de la « retenue » et à la « responsabilité collective ». Affaire à suivre.
Rassemblement national
C’est désormais clair : le Rassemblement national, par l’intermédiaire de Jordan Bardella, a demandé dès hier soir la tenue d’élections législatives anticipées et a annoncé, avec l’UDR d’Éric Ciotti, qu’il voterait la censure immédiate contre tout gouvernement jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale, désormais « irrémédiable » selon eux. Et pour cause : le parti entend bien tirer profit de l’atomisation du champ politique causée par l’implosion des différentes alliances, afin de briguer la majorité absolue lors de législatives anticipées, en l’absence d’un front républicain.
Cette fois, le président du Rassemblement national s’est dit prêt à composer avec une majorité relative et a tendu la main aux Républicains en cas de victoire, afin de bâtir un pacte de gouvernement qu’il souhaite le plus large et le plus stable possible. À cet effet, Jordan Bardella et Marine Le Pen réunissaient ce matin la direction du parti afin de procéder aux derniers arbitrages programmatiques en vue des potentielles législatives à venir, alors que les « ultimes négociations » entre Sébastien Lecornu et l’ensemble des partis débutent ce mardi.