BNP Paribas reconnue complice d’exactions au Soudan sous le régime Béchir par un jury à New York.
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Par Yanis •

Le vendredi 17 octobre 2025, un jury populaire de New York a reconnu la banque française BNP Paribas complice d’exactions au Soudan sous le régime d’Omar el-Béchir. Les trois plaignants, d’origines soudanaise et désormais citoyens américains, ont raconté avoir été emprisonnés et torturés par des soldats soudanais et des miliciens Janjawid, armés et financés par le régime d’Omar el-Béchir au Soudan.
Les jurés ont décidé que BNP Paribas devait attribuer des dommages et intérêts totalisant 20,75 millions de dollars aux trois plaignants.
BNP Paribas accusée d’avoir financé les crimes au Soudan
La BNP était active au Soudan entre 1990 et 2009. La banque est reconnue complice en raison des nombreuses transactions commerciales dont les recettes ont directement financé l’armée soudanaise et les milices du régime d’Omar el-Béchir. Entre 1989 et 2019, Omar el-Béchir a régné d’une main de fer sur le Soudan. Durant sa présidence, deux importantes guerres civiles ont eu lieu.
La première est la seconde guerre civile soudanaise (1983-2005), l’une des plus longues et meurtrières du XXᵉ siècle, avec un bilan de 2 millions de morts et 4 millions de déplacés. La seconde est la guerre du Darfour (2003-2020), qui aurait fait 300 000 morts selon l’ONU. Lors de ces deux conflits, plusieurs exactions contre les civils ont été commises par toutes les parties.
Omar el-Béchir fait l’objet, depuis mars 2009, d’un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité au Darfour, inculpation complétée en juillet 2010 pour génocide. Les juges de la Chambre préliminaire 1 de la Cour pénale internationale (CPI) ont accepté la demande du procureur Luis Moreno-Ocampo, estimant qu’il existait « des motifs raisonnables de croire en sa responsabilité pénale pour trois chefs de génocide à l’encontre des groupes ethniques des Four, Masalit et Zaghawa : génocide par meurtre, génocide par atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale, et génocide par soumission intentionnelle de chaque groupe ciblé à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique ».
En soutenant un régime sanguinaire, BNP Paribas se rend directement complice des crimes commis par Omar el-Béchir.
Une décision “historique”
Michael Hausfeld, l’un des avocats des plaignants, a déclaré à l’AFP que c’était une décision “historique”, car elle « rend responsable au civil le financier d’un gouvernement génocidaire », et qu’elle pourra servir de référence pour des cas similaires survenus ailleurs.
Ces trois cas avaient été choisis par le juge parmi un dossier regroupant des milliers de plaintes de réfugiés soudanais aux États-Unis. En effet, BNP Paribas risque encore des dizaines de procès.
Après cette décision, la banque française s’apprête à interjeter appel.