Cédric Jubillar condamné à trente ans de prison : un verdict sans corps, mais sans doute pour les jurés.
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Par Ryan •

Cédric Jubillar a été condamné, vendredi 17 octobre 2025, à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Tarn pour le meurtre de son épouse Delphine Jubillar, disparue depuis décembre 2020. Malgré l’absence de corps et de preuve matérielle directe, les jurés ont suivi les réquisitions du ministère public, qui réclamait cette peine exemplaire. Ce verdict conclut un procès de quatre semaines marqué par de fortes tensions et une couverture médiatique exceptionnelle. L’accusé, qui a toujours nié, a écouté la décision, impassible, les mains serrées sur la vitre du box. « Je n’ai absolument rien fait à Delphine », a-t-il déclaré en dernier mot.
Les magistrats et avocats généraux ont insisté sur un faisceau d’indices considérés comme accablants : des incohérences dans ses déclarations, des témoignages de proches, et un contexte conjugal explosif lié à une séparation imminente. « On a beau prendre ce dossier par tous les bouts, on arrive au même résultat : la culpabilité », avait déclaré l’avocat général Pierre Aurignac. Face à cela, la défense a plaidé l’absence de certitude, dénonçant un procès « sans corps, sans scène de crime et sans aveux ». Pour Me Emmanuelle Franck, « il reste un doute immense ». Mais pour les jurés, ce doute n’a pas suffi à faire vaciller leur conviction intime.
Le meurtre de Delphine Jubillar, infirmière de 33 ans, avait bouleversé la France entière lors de sa disparition dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines. Aucune trace de son corps n’a jamais été retrouvée, malgré d’importantes recherches et des années d’enquête. La justice a néanmoins estimé que les éléments indirects constituaient une preuve suffisante. Ce verdict s’inscrit parmi les rares affaires jugées sans preuve matérielle en France, un précédent qui marquera durablement la jurisprudence. Les proches de Delphine ont exprimé un soulagement teinté de tristesse : « La vérité a enfin été reconnue », a confié leur avocat Laurent De Caunes.
La défense, de son côté, a annoncé qu’elle envisageait de faire appel du jugement. Cédric Jubillar reste donc présumé innocent jusqu’à l’épuisement des recours, conformément au droit. Le ministère public, satisfait du verdict, a salué la « résolution d’une énigme judiciaire ». Dans le Tarn comme dans toute la France, cette condamnation relance le débat sur la place du doute raisonnable et la difficulté de juger en l’absence de corps. Quatre ans et demi après le drame, l’affaire Jubillar demeure une blessure collective et une leçon de justice moderne.